10/04/2017

Dans le ventre (du portefeuille) de l'hôpital


Hier soir était diffusé "Burning Out", un documentaire tourné pendant un an "dans le ventre de l'hôpital", en voici l'alléchant pitch:

Durant plusieurs mois, Jérôme Le Maire a filmé le quotidien de l'unité chirurgicale de l'hôpital Saint-Louis, à Paris. 250 salariés, 14 salles d'opération, 60 à 80 interventions par jour... Entre rythme de travail effréné, obligation de résultats, manque de moyen, stress et pression, le personnel soignant est au bord de l'épuisement. Immersion au cœur d'un " monde désenchanté".

Déjà je tique, ne serait-ce que sur la formulation: dans le milieu médical, nous avons une obligation de moyens, pas de résultat, c’est-à-dire que nous avons l’obligation de tout mettre en œuvre pour soigner, aider, voire sauver, mais qu’on ne peut pas nous reprocher de ne pas réussir si nous avons fait et bien fait tout ce que nous avons pu.
Une obligation de résultats, c’est pour une entreprise qui vend des produits, des services, dont on demande aux commerciaux de remplir des quotas pour être payés en conséquence par exemple.
Bon, là tu te dis « Michelle, tu cherches la petite bête ! », je me le dis aussi. J’étais quand même impatiente de voir le reportage (en croisant les doigts très fort pour que le pitch ne me mette pas Mylène Farmer dans la tête parce que ÇA ce serait vraiment dur à vivre).

Et donc, toute « fraîche » rentrée de mes 12 heures de boulot (trajet de 1h15 non inclus), je me pose, pleine d’espoir, devant Arte.

Désillusion en 4 étapes :

-       Je n’ai pour ainsi dire pas vu (en tout cas certainement pas entendu) d’infirmier ni d’aide-soignant, brancardier, ASH… Sauf une fois une infirmière de bloc qui se fait secouer par un chirurgien qui l’assomme du très classique « C’est quand même moi le médecin ici! ». Je me dis qu’on va embrayer sur ces tensions, ces incivilités, ces violences parfois dont le bloc et le reste des services sont le triste théâtre. Apparemment non.

-       Les administratifs se réunissent pour se dire « mince alors on dirait qu’il y a des tensions, qu’est-ce qu’on pourrait bien faire pour calmer les gens améliorer la « qualité de vie au travail » ? Faisons un audit de 6 mois ! ». Les gens sont momentanément calmés attendent beaucoup de cet audit. Réunion 6 mois plus tard, un mec en costume cravate avec un ordinateur qui coûte deux mois de salaire d’infirmière dit : « OK les gars vous êtes pas mal niveau rentabilité mais on peut faire mieux ! Ouvrez plus de salles d’opération, sur des plages horaires plus larges et vous serez riches ! ». La réunion est terminée, merci au revoir. Pas un mot sur l’humain, pas un mot sur le personnel (qui du coup devra supporter plus de salles, plus d’horaires, sans ajout de poste !). Côté blouses blanches, c’est la déroute, on nous avait promis qu’on ferait des knakis de parler des conditions de travail. Je serais curieuse de savoir combien il a coûté cet audit, un audit pour qui pour quoi ?

-       Tiens, une seule fois un médecin réanimateur (l’atout charme et émotion du reportage, qui a l’air sincèrement humaine et proche de ses collègues) mentionne les petites mains de l’hôpital : « On n’a même pas parlé de tous les corps de métier, infirmiers, AS, ASH, tous ceux qui font vivre l’hôpital ». Oui, c’est vrai. On n’en a pas parlé. En fait on n’en parlera pas.

-       Salle d’op. Patient les tripes à l’air, on demande à l’équipe de chirurgiens s’ils ont une idée de pourquoi c’était mieux avant. L’un répond : « Autrefois, le médecin était le roi » (visage nostalgique). Et donc ? C’est parce que ce n’est plus le cas que l’hôpital va mal ?

-       Conclusion : les chirurgiens et les anesthésistes réanimateurs vont mal (du coup certains crient sur les infirmières mais c’est pas trop de leur faute), donnons au petit personnel des trucs à faire pour s’occuper l’esprit et leur donner l’impression qu’on écoute ce qu’ils ont à dire (ersatz d’audit, boîte à idée qui enthousiasme tout le monde mais qui finit à la poubelle, déjà là un an est passé donc tu vois, quand on veut gagner du temps on peut !), filmons tout ça avec des regards tristes et des images furtives d’opérations comme ça les téléspectateurs vont kiffer, et HOP HOP HOP tu crois qu’on va rentrer dans le vif du sujet et en fait le générique de fin est lancé. J’en étais comme deux ronds de flan. Comment ça, c’est fini ? On n’a rien dit, rien vu, rien fait avancer ! Un coup pour rien.


-       Conclusion bis : voyez plutôt « Dans les yeux d’Olivier », un formidable reportage tourné l’année dernière qui suit vraiment des soignants dans leur quotidien, qui parle vrai et qui fait du bien, un reportage qu’il est bien de le regarder, avec de vrais morceaux d’infirmière dedans <3 span="">

Illustration de l'excellent Boulet Corp

11/09/2016

Orange is the new black?

Mister R. a eu 8 ans il y a quelques jours.

Si tu calcules bien (et de toute façon en plus je te le dis), il est né pendant l'élection de Barack Obama. L'élection et l'accouchement-marathon étaient les deux fils rouges de cette nuit étoilée dans ma petite maternité de campagne. J'ai gueulé comme un veau quand l'anesthésiste m'a piquée: "OOOOOOOOOOOBAMAAAAAAA!!!". Le soleil brillait. Je me sentais en sécurité. Le monde changeait forcément dans le bon sens.

Les USA avaient élu un Black, jeune, moderne, cool, qui avait un discours important sur le système de santé et les inégalités liées au sexe ou à la couleur de peau, qui avait à coeur de combler les fossés entre les personnes.

J'ai l'impression que nous ne sommes plus dans le même monde aujourd'hui. Il pleut, déjà.

Il y a 12 ans, les USA, c'était chez moi. Dans mon petit canapé Ikea, je regardais parfois une émission genre "télé-crochet" mais version business, "The Apprentice", et je me disais, "FUCK ce type orange avec une moumoute est vraiment une pourriture sexiste!", et ça me faisait rire. J'ai même croisé le type (il est au moins aussi moche en vrai) dans les rues.

Aujourd'hui je regarde une chaîne d'infos et les bandeaux déroulants en bas de l'écran me donnent l'impression d'être dans un mauvais remake de "Retour vers le futur". Ce serait moche, mais au moins je pourrais retourner dans le passé et dire "ouf on peut faire en sorte que ça n'arrive pas!".

Mais c'est la réalité.

Il pleut.
On n'est plus en sécurité nulle part.
Le monde a basculé sur son axe.

Cette nuit, l'une des plus grandes puissances mondiales, celle qui a élu Barack Obama pour deux mandats successifs, a élu à sa tête un homme d'affaires véreux, raciste, sexiste, rétrograde, gerbant, pourri, et ORANGE.

Des jours sombres s'annoncent. Assombrir du orange ça donne du rouge, comme le sang, coïncidence?...

9/15/2016

Adoléchiant, mon amour.

Tu me dis que tu me détestes.
Je te réponds que je t'aime. Y a un truc biochimique qui m'empêche de te détester. Et ce serait tellement plus facile de pouvoir te détester, pourtant.

La vraie difficulté, c'est de t'aimer. De continuer à t'aimer, même et surtout quand tu me détestes.
Quand tu te comportes comme le dernier des ingrats.
Quand tu me rassures sur le fait que tu m'aimes autant que le chat.
Quand tu soupires, lèves les yeux au ciel, montes l'escalier en tapant des pieds et claques les portes.
Quand tu es comme une tornade qui sème la dévastation et les chaussettes sales derrière elle.
Quand tu ne dors pas.
Quand tu crises parce qu'il est hors de question que tu manges un truc dans lequel j'ai osé croquer.
Quand tu demandes, obtiens, et remercies à peine, puis recommences.
Quand je me plie en quatre et que tu ne remarques rien.
Quand tu ne supportes pas d'entendre que tu me ressembles.
Quand tu prends tout pour acquis, normal, sans rien remettre en question, surtout pas toi.
Quand tu me pousses à bout.
Quand tu fais bouillir ma tête.
Quand tu fais pleurer mes yeux.
Quand tu fais saigner mon coeur.
Quand tu refuses tout.
Quand tu n'aimes rien.
Quand tu as tout et qu'il te faut le reste.
Quand tu deviens parfois cette personne que j'ai toujours refusé que tu sois.
Quand tu fais des promesses que tu ne tiendras pas, et que tu ne comprends pas que je n'y croie plus.

T'aimer, c'est aussi dur que ça. Et pourtant je ne cesserai jamais d'adorer ton grand coeur, tes traits fins, tes yeux parfois si doux, tes gestes tendres qui contrastent avec ton air revêche, ton sourire qui rayonne, ton énergie inépuisable, ton visage quand tu dors et que je prends des photos pour mieux ne pas t'achever quand tu ne dors pas, ton humour même si tu t'en sers parfois à mes dépens, cette façon que tu as de t'adresser au monde avec presque trop de politesse...

Mais par-dessus tout, quoi que tu en dises, j'aime que tu m'aimes.




11/14/2015

We are the lucky ones

Aujourd'hui, une part de moi se sait chanceuse.
J'ai une famille, des amis, un toit sur ma tête, de la nourriture dans mon assiette.
Je vis dans un pays LIBRE où mes enfants peuvent aller à l'école et décider s'ils seront constructeurs de Lego ou pilotes d'avion pour mieux voir les trains d'en haut.
Je vis dans un pays que je n'ai pas besoin de fuir avec mes enfants dans un radeau de fortune.

Aujourd'hui, mon pays que j'aime pleure et mon coeur saigne, et inversement. POURTANT, j'ai aussi la chance de n'avoir pas perdu de proche. Je ne dis pas que je n'ai perdu personne que j'aime, parce qu'au fond, on est bien censés s'aimer tous les uns les autres, et que dans l'absolu, j'ai perdu au moins 128 concitoyens du monde.

Il faut savoir à la fois panser ses plaies et se relever. Faire le deuil, et ne pas se laisser mourir sous les coups terroristes. S'entraider et ne pas alimenter de haine ou de désir de violence.

Nous avons la chance d'être une belle nation, je veux croire que nous sommes et restons un pays ouvert et intelligent, je veux croire qu'à nouveau nous sourirons, rirons, je veux croire que nous avons de la chance de VIVRE.

Je veux croire que nous ne sommes pas que des victimes et que demain est un autre jour.

9/23/2014

La pédagogie du "Fais ce que je dis, pas ce que je fais"

Si tu n'as pas vécu dans une grotte dernièrement, tu as très certainement entendu parler de l'agression verbale et physique dont a été victime une jeune fille récemment. La vidéo a fait le tour de la toile (discutable, mais ce qui est fait est fait).

La toile qui désormais se défoule sur l'agresseuse. Une petite mauviette sans coeur et sans couilles, certainement, qui de toute évidence ne regrette rien pour l'instant. Mais ça, quelle différence ça fait?

Alors, où s'arrête la justice? Où commence la vengeance? Quelle légitimité?

Que peut-il ressortir de toutes ces horreurs que je lis? L'incitation au suicide, le récit détaillé de toutes les atrocités que certains prétendent vouloir faire subir à cette fille (ceux-là mêmes qui n'ont pas bougé lors de l'agression, la responsabilité diluée, on en parle?)…


On n'apprend pas aux enfants à ne pas mordre en les mordant.
On n'apprend pas aux étudiants infirmiers à piquer avec des gants quand on n'en porte pas.
On n'apprend pas aux meurtriers à ne pas tuer en les condamnant à la peine de mort.

Ici, tu liras que Mamananonyme se demande très justement "Faut-il harceler les harceleurs?"


On a tous fait des trucs dont on n'est pas très fiers, même si ça ne va pas aussi loin que cette histoire. Toi, moi, les autres.


J'ai sûrement été des deux côtés de la barrière moi aussi.

Mais je me souviens surtout d'une chose. J'étais en primaire et j'étais côté victime. Longtemps. Durement.
Un jour, une des petites pestes de la troupe (parce que c'est toujours comme ça que ça se passe, un groupe qui s'attaque à une personne faible) m'a tendu un mot. Ce mot ne pouvait, à mon sens, pas être autre chose que des insultes, encore. J'ai mis le mot dans ma poche sans le lire.

J'ai attendu d'être seule, parce que je savais que j'allais pleurer.

Seule, j'ai déplié le papier, et j'ai lu, elle avait tapé le mot à la machine, j'ai eu peur (ça avait un sale côté "lettre anonyme qui dit que tu vas décéder bientôt dans d'atroces souffrances", putain c'est dur le CM1 quand même) et j'ai souri en même temps (c'est rigolo qu'elle ait écrit ça à la machine, je sais pas pourquoi).

Elle me disait que sa maman lui avait raconté une histoire qui lui était arrivée quand elle était petite, qui lui avait fait comprendre que ce qu'elles me faisaient subir était mal, injuste, cruel. Elle me disait qu'elle était désolée. DÉSOLÉE. Qu'on serait peut-être pas super copines (lucide, la petite!), mais que rien ne justifiait les brimades, et que c'était terminé, tout ça.


Effectivement, on n'a pas été super copines par la suite. Mais on s'est tolérées, la coexistence pacifique, quoi.

Les années ont passé. Il y a eu d'autres harceleurs, d'autres harcelés. Il y a eu des amis (des vrais et des faux), des ennemis (plus ou moins dangereux), mais pas d'autres petits mots.

Je l'ai encore, ce mot. Je le regarde parfois quand je me demande si le monde tourne rond, si on peut faire confiance à la justice…


J'ai raconté cette histoire à Fifils Premier. J'ai peur qu'un jour il ne se retrouve dans l'une ou l'autre des positions. Je ne peux pas forcément l'empêcher, mais je peux faire en sorte qu'il se pose des questions en toute situation.


Parfois, j'ose espérer qu'on peut tous réfléchir à ce qu'on fait et s'excuser, voire réparer, au moins un peu…


Mais une chose est sûre, "Fais ce que je dis, pas ce que je fais", c'est stérile, et c'est vraiment un principe à la con.

8/19/2014

Le calme après la tempête...

Le temps n'avançait pas. Les semaines, les jours, les heures se sont éternisées, jusqu'à ce moment.
Le moment où je me suis retrouvée face à ce tableau sur lequel était affichée une liste de noms, les noms des 37 nouveaux Infirmiers Diplômés d'État de mon petit IFSI de cambrousse.

Mes yeux se sont précipités sur le bas de la liste, ordre alphabétique oblige. J'ai cherché mon nom sans le voir… Et je me suis sentie précipitée dans le vide. La pièce tourne, il fait chaud.

À travers mes larmes, j'ai relevé les yeux et aperçu une autre nom, plus haut dans la liste.

MON NOM DE JEUNE FILLE, PUTAIN.

Là, j'ai pu joindre ma joie à celle de mes camarades diplômés (AKA la meilleure promo de tout l'univers)… Là, je me suis rendue compte que je retenais mon souffle depuis tellement longtemps… 3 ans, en fait.

Mes enfants chantent: "Maman est revenue, maman est revenue!" et je sais que nous allons pouvoir passer des vacances sereines, tout est terminé. Les évaluations, les stages, le statut de merde, la loose totale jour après jour, les révisions le soir et la nuit, l'hésitation devant les formulaires à remplir quand il y a une case "profession"…

Ces mots remplissent ma bouche et gonflent mon coeur de fierté quand je les prononce enfin:

Je suis INFIRMIÈRE.



Bon. Now what?

Ne vous attendez pas à ce que je fasse un couplet "C'était très dur mais je voudrais dire à toutes celles et ceux qui veulent suivre le même chemin qu'au final c'est magnifique et que tout est beau et rose sous la blouse".
Parce que je n'en suis pas (encore) là.
Parce que j'en ai GRAVE CHIÉ MA RACE et que ma famille en a payé le prix.
Parce qu'il y a des moments dans la vie qu'on ne peut pas rattraper si on les manque.
Parce que si je dis en souriant que mes enfants chantent mon retour auprès d'eux, tu te doutes de ce qu'il faut lire entre les lignes.

MAIS à côté de ça il y avait l'amour et le soin. Il y a eu Mme L (il y a eu 6 Mme L, maintenant que j'y pense!), Mr M, Mme D, Mme A, Mme P, Mr O, Mme S (il n'y en a eu qu'une)… Et tous les autres… Je me souviens de tous leurs noms.
Il y a eu les collègues en poste et les collègues de promo…
Il y a eu beaucoup de larmes, pas toujours de tristesse.
Il y a eu des sourires, des contacts, des regards…
Il y a eu des plaies, des fins de vie, des débuts de vie, des petits bobos au coeur et des gros bleus à l'âme.


NON je ne regrette pas d'avoir fait le choix de suivre la voie/voix de mon coeur.
Mais s'il fallait tout recommencer je doute que j'en serais capable.

HEUREUSEMENT, je n'ai pas à me poser la question. I survived.
Mais maintenant, je vais suivre ce bel adage, leitmotiv de tous les cordonniers les plus mal chaussés: "prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres".

Et mettre un joli caducée sur mon pare-brise parce que, je ne me lasserai jamais de le dire, JE SUIS INFIRMIÈRE!



6/28/2014

"Il y a…" *

"Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi
Parfois on les regarde telles qu'elles pourraient être en se disant : POURQUOI PAS?"


Il y a 3 ans 1/2, je me suis dit "Pourquoi pas?" et j'ai passé ce concours…

Un de mes hémisphères cérébraux était persuadé que "ça ne mangeait pas de pain", et que je n'étais dans ce gymnase froid que pour avoir la confirmation que vouloir changer ma vie était vain.

L'autre hémisphère y croyait grave. Mais ce n'est jamais lui que j'écoute.

Pourtant, les obstacles furent franchis et les semaines, les mois, ont passé, traçant ma voie. Les évaluations, les stages, les rires et les désillusions se sont succédés.

La ligne d'arrivée de cet incroyable, passionnant et terrible marathon est en vue. Les dés sont jetés, et dans 20 jours exactement, je saurai. Les sentiments se mélangent, le temps file et se traîne à la fois, ce 18 juillet ne viendra donc jamais…

J'ai aimé, soigné, bercé, pansé, pleuré… J'ai dormi (un peu), j'ai travaillé (beaucoup), j'ai culpabilisé (tout le temps).
Je ne sais plus pourquoi j'ai fait tout ça, je ne sais même plus parfois dans toute cette confusion si je veux vraiment voir mon nom sur la liste des reçus.

J'ai arrêté d'essayer d'analyser, au fond je ne pense plus qu'à cette date, à cette heure, qui est si loin et si proche à la fois. Futurs soignants, on apprend aussi à être "patients".


Et en fait, je sais très bien ce que je veux ;)

Ce que nous voulons, moi et tous les ESI du monde entier et surtout, surtout, tous mes collègues de promo (vous déchirez mes p'tits poulets, changez rien!) : nous sommes des INFIRMIERS qui n'attendent rien plus que de voir briller     I.D.E.   en lettres dorées sur leur blouse.







* Pour ma version préférée de tous les temps de cette merveilleuse chanson, c'est ici

2/27/2014

Sous la blouse… Le blues

Entendez-vous le grondement de la colère hospitalière?
Les sage-femmes se battent pour leur statut.
Les infirmiers sont en burn-out.
Les étudiants infirmiers sont pris entre les feux nourris du gouvernement et des établissements de soins privés.

Et qui paye les pots cassés? Les patients, toujours les patients. Eux qui sont nus sous la blouse.

Nous, ESI (étudiants en soins infirmiers), sommes baladés d'hôpital en clinique, d'IFSI en soins à domicile, toujours payés une cacahouète et demi (pour laquelle il faut s'incliner et dire merci, sous prétexte qu'avant, on n'avait rien), la plupart du temps traités en main d'oeuvre bon marché (ce pour quoi il faut s'incliner et dire merci, sous prétexte qu'on est censé nous apprendre à en chier), sans oublier la passion qui nous a animés au point de passer le concours et de survivre aux 3 années d'études (pour lesquelles il faut s'incliner et dire merci sous prétexte que l'enseignement est un service qu'on nous rend)…

J'aime déjà mon métier. J'oublie les soucis quand un patient me sourit. J'ai toujours la passion pour cette profession aux nombreuses contraintes, aux conditions de travail parfois inadmissibles, aux horaires de merde, au salaire de misère, et à la reconnaissance proche de zéro.
Je suis déjà pleine d'amour pour cette profession riche, passionnante, profondément HUMAINE.

Mais encore faut-il, pour l'exercer, que je puisse avoir l'occasion d'être diplômée.
Et cette occasion est remise en cause pour certains de mes collègues ESI.

Au 1er mars, la plupart des structures de soins privées refuseront d'accueillir les stagiaires infirmiers. Pourquoi? C'est pas mal résumé ici.

La conséquence directe, c'est que les places de stages infirmiers étant déjà restreintes, on se retrouve face à à peu près 22000 étudiants SSF (sans stage fixe), dont une partie en 3ème et dernière année de formation. Il faut savoir que TOUS les stages de la formation doivent être validés pour pouvoir être présenté au diplôme d'État. Donc, pour ces étudiants, c'est carrément la possibilité d'être diplômés qui est remise en cause. Avec tout ce que ça peut avoir de répercussions: diplôme retardé, donc poste retardé (certains ont déjà des promesses d'embauche!), entrée dans la vie active retardée, salaire retardé…

C'est donc officiel. Les soignants souffrent, saignent, pleurent… Dès les premières marches de leur parcours professionnel. Et là-haut, visiblement, on s'en cogne. J'espère qu'ils ouvriront les yeux et les oreilles, et qu'ils se demanderont: quels soignants veulent-ils avoir au pied de leur lit quand ils seront malades?

Je ne suis pas confrontée au problème de stage, les miens sont prévus à l'hôpital public. Mais je suis concernée, pour mes collègues, pour mon métier. Être un soignant engagé, ça commence aujourd'hui!


Et si vous voulez tester les clichés, la prochaine fois que vous verrez une soignante… Demandez-lui si elle est nue sous son blues.



1/01/2014

"Il n'y a qu'une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c'est la peur d'échouer" (Paulo Coelho)

L'année est nouvelle tous les ans. Et pourtant, aucune n'est jamais identique à la précédente (heureusement).
La vie est faite de pages qui se tournent, d'années qui se succèdent, d'étapes à franchir, de choix…

J'avais quelques rêves, plus ou moins réalisables, dans la vie: devenir maman, chanter, rencontrer Bruce Willis, écrire un livre, être infirmière, pouvoir manger ET porter un 36, découvrir New York, jouer dans Friends, entre autres. Comme tu le vois, je suis une petite veinarde, j'en ai réalisé certains. J'ai renoncé à d'autres, et je ne perds pas espoir pour ceux qui restent. Je suis une incorrigible rêveuse...

Un Nouvel An après l'autre, les années ont fait de moi une New Yorkaise, une mère, une épouse, une étudiante… 2014 fera de moi (inch'Allah) une Infirmière Diplômée d'État. Enfin, putain.

Ce diplôme, je l'ai tellement rêvé, tellement voulu, tellement bûché. Je le touche du doigt… Nous le touchons du doigt. Il est encore si loin, et il est si près à la fois…

À l'origine, je doutais de réussir le concours d'entrée à l'IFSI. Et me voilà en fin de parcours. Grâce à beaucoup d'amour, de patience, de temps, de soutien et de CAFÉ.

Donc, souhaitez-nous à moi et à tous mes collègues ESI bon courage, et CE PUTAIN DE DIPLÔME EN JUILLET PARCE QU'ON L'A PAS VOLÉ !!!
Bonne année du DE mes p'tits poulets!


(Évolution physique d'une étudiante infirmière du début à la fin de la formation)

11/10/2013

Ma touffe et moi

(Je vais attirer un public nouveau avec un titre pareil!)

Tout le monde te le dira, les cheveux, c'est un élément déterminant de la personne. T'en as beaucoup, t'en as pas, ils sont longs, courts, crépus, raides comme la justice, ils t'obéissent ou pas, tu les lisses, tu les brosses, tu changes de coupe tous les mois ou tu les laisses en friche.

J'adore mes cheveux longs. En fait, je les adorais. Vendredi, ma coiffeuse a pu grâce à moi agrandir son stock de postiches. Ça ne s'est pas fait sans larme, je ne te le cache pas. Mais ça s'est fait sans regret.

Sans regret parce que:
- 1) me laver les cheveux me demandait une organisation de bien 48h à l'avance (pas le matin quand je bosse à 7h, pas le soir sinon ils ne sont pas secs le lendemain matin, casse-couille bonjour) et me prenait un temps fou que je n'ai pas,
- 2) professionnellement je suis dans l'obligation de les attacher en permanence,
- 3) la combinaison de tout ça faisait que j'aurais sans doute pu être vénérée comme une déesse si on vivait tous dans un monde où les cheveux gras à la racine et secs aux pointes et qui tombent par poignées sont un critère de beauté. Mais là, non.

Et puis, du renouveau, ça fait pas de mal.
Peut-être qu'on arrêtera de me demander si c'est "Madame ou Mademoiselle".
Peut-être que c'est la fin de quelque chose et le début d'une autre.
Peut-être que c'est juste une coupe de cheveux, après tout…

En tout cas, ça fait des guilis dans le cou quand même.