8/19/2014

Le calme après la tempête...

Le temps n'avançait pas. Les semaines, les jours, les heures se sont éternisées, jusqu'à ce moment.
Le moment où je me suis retrouvée face à ce tableau sur lequel était affichée une liste de noms, les noms des 37 nouveaux Infirmiers Diplômés d'État de mon petit IFSI de cambrousse.

Mes yeux se sont précipités sur le bas de la liste, ordre alphabétique oblige. J'ai cherché mon nom sans le voir… Et je me suis sentie précipitée dans le vide. La pièce tourne, il fait chaud.

À travers mes larmes, j'ai relevé les yeux et aperçu une autre nom, plus haut dans la liste.

MON NOM DE JEUNE FILLE, PUTAIN.

Là, j'ai pu joindre ma joie à celle de mes camarades diplômés (AKA la meilleure promo de tout l'univers)… Là, je me suis rendue compte que je retenais mon souffle depuis tellement longtemps… 3 ans, en fait.

Mes enfants chantent: "Maman est revenue, maman est revenue!" et je sais que nous allons pouvoir passer des vacances sereines, tout est terminé. Les évaluations, les stages, le statut de merde, la loose totale jour après jour, les révisions le soir et la nuit, l'hésitation devant les formulaires à remplir quand il y a une case "profession"…

Ces mots remplissent ma bouche et gonflent mon coeur de fierté quand je les prononce enfin:

Je suis INFIRMIÈRE.



Bon. Now what?

Ne vous attendez pas à ce que je fasse un couplet "C'était très dur mais je voudrais dire à toutes celles et ceux qui veulent suivre le même chemin qu'au final c'est magnifique et que tout est beau et rose sous la blouse".
Parce que je n'en suis pas (encore) là.
Parce que j'en ai GRAVE CHIÉ MA RACE et que ma famille en a payé le prix.
Parce qu'il y a des moments dans la vie qu'on ne peut pas rattraper si on les manque.
Parce que si je dis en souriant que mes enfants chantent mon retour auprès d'eux, tu te doutes de ce qu'il faut lire entre les lignes.

MAIS à côté de ça il y avait l'amour et le soin. Il y a eu Mme L (il y a eu 6 Mme L, maintenant que j'y pense!), Mr M, Mme D, Mme A, Mme P, Mr O, Mme S (il n'y en a eu qu'une)… Et tous les autres… Je me souviens de tous leurs noms.
Il y a eu les collègues en poste et les collègues de promo…
Il y a eu beaucoup de larmes, pas toujours de tristesse.
Il y a eu des sourires, des contacts, des regards…
Il y a eu des plaies, des fins de vie, des débuts de vie, des petits bobos au coeur et des gros bleus à l'âme.


NON je ne regrette pas d'avoir fait le choix de suivre la voie/voix de mon coeur.
Mais s'il fallait tout recommencer je doute que j'en serais capable.

HEUREUSEMENT, je n'ai pas à me poser la question. I survived.
Mais maintenant, je vais suivre ce bel adage, leitmotiv de tous les cordonniers les plus mal chaussés: "prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres".

Et mettre un joli caducée sur mon pare-brise parce que, je ne me lasserai jamais de le dire, JE SUIS INFIRMIÈRE!



1 commentaire:

Emilie L. a dit…

Je comprends très bien par où tu es passée, et je te félicite d'autant plus que je sais qu'il n'est pas facile de jongler entre enfants, cours, boulot perso et stages, sans compter cette foutue maison qui n'a pas l'option auto-rangement et auto-nettoyage. Mais c'est payant au final, tu vas pouvoir prendre ton pied au travail comme à la maison avec ce diplôme en poche... C'était culotté de le faire, mais à présent tu ne vas pas bouder ton plaisir. Encore toutes mes félicitations Mme l'INFIRMIÈRE.