11/10/2013

Ma touffe et moi

(Je vais attirer un public nouveau avec un titre pareil!)

Tout le monde te le dira, les cheveux, c'est un élément déterminant de la personne. T'en as beaucoup, t'en as pas, ils sont longs, courts, crépus, raides comme la justice, ils t'obéissent ou pas, tu les lisses, tu les brosses, tu changes de coupe tous les mois ou tu les laisses en friche.

J'adore mes cheveux longs. En fait, je les adorais. Vendredi, ma coiffeuse a pu grâce à moi agrandir son stock de postiches. Ça ne s'est pas fait sans larme, je ne te le cache pas. Mais ça s'est fait sans regret.

Sans regret parce que:
- 1) me laver les cheveux me demandait une organisation de bien 48h à l'avance (pas le matin quand je bosse à 7h, pas le soir sinon ils ne sont pas secs le lendemain matin, casse-couille bonjour) et me prenait un temps fou que je n'ai pas,
- 2) professionnellement je suis dans l'obligation de les attacher en permanence,
- 3) la combinaison de tout ça faisait que j'aurais sans doute pu être vénérée comme une déesse si on vivait tous dans un monde où les cheveux gras à la racine et secs aux pointes et qui tombent par poignées sont un critère de beauté. Mais là, non.

Et puis, du renouveau, ça fait pas de mal.
Peut-être qu'on arrêtera de me demander si c'est "Madame ou Mademoiselle".
Peut-être que c'est la fin de quelque chose et le début d'une autre.
Peut-être que c'est juste une coupe de cheveux, après tout…

En tout cas, ça fait des guilis dans le cou quand même.

8/29/2013

J'abandonne toujours rien, j'entreprends toujours plus!

J'abandonne pas mon blog, je le laisse en friche quand c'est les exams/les vacances/le rhume des foins...
J'abandonne pas mes cheveux, je les laisse choisir leur voie.
J'abandonne pas mes études, j'entreprends la dernière ligne droite.
J'entreprends la suite de ma route.
J'entreprends mon chez moi.
J'entreprends ma toujours plus lente ascension vers l'adultisme: famille, carrière, maison, toussa-toussa.

Ces derniers mois, on a dit au revoir, dans le désordre, à notre matou, à notre petite ville et à notre maison-des-trois-petits-cochons, à mon Pépé, à ma vingtaine, à mon 38, aux couches pour de bon même la nuit, et à plein d'autres choses plus ou moins importantes.

C'est toujours le bordel à la maison la plupart du temps, le bordel dans ma tête parfois. Anarchy is the new black (note pour plus tard: penser à suggérer ceci comme titre de chanson à Matthew Bellamy). La désorganisation comme choix de vie. Se dire parfois en souriant qu'on voudrait pouvoir tenir ses enfants en laisse, et s'efforcer en vrai de les tenir en liesse. C'est plus de taf, clairement, mais objectivement, ça vaut plus le coup sur le long terme. Je vais pas te mentir, ils te le rendront sans doute pas. La loi de l'ingratitude maximum. Mais tu te rendras vite compte que plus tu les rends happy, plus t'as la paix le soir. Pour lire, ou écrire, par exemple.

Il reste encore tant de route, tant de choses à faire, à vivre... Il faut que je me remémore, parfois, que je dois écrire plus souvent. Il m'arrive d'oublier combien j'aime ça. Comme j'aime les chaussures. Les jolies robes. Le calme d'une douleur soulagée. Ébouriffer la tignasse de mes mectons.

J'avais dit que je serai écrivain, un jour. J'ai foiré, de toute évidence. Mais en fait, il y a toujours des choses à vivre, à dire, à écrire. J'ai rédigé mille livres dans ma tête, fictions ou pas. Tout comme j'ai chanté mille chansons, out loud ou pas.

De la pensée au papier, la route est parfois longue, mais tous les chemins mènent à Rome. Ou à Blogspot.

Anyway, résolution du nouvel an (scolaire): se botter le cul et ÉCRIRE!

5/08/2013

Dear 16-year-old me...

J'ai vu passer un attendrissant exercice sur la toile : le principe est simple, c'est d'écrire une lettre à ton toi de 16 ans. Ce serait cool si on pouvait l'envoyer (et la recevoir). À quel point les choses seraient-elles différentes? En vrai, serait-ce une bonne chose? Le mystère restera entier jusqu'à ce que "Retour vers le futur" (ou "Bond en avant vers le passé") soit devenu réalité.

Bref, j'ai tout de suite pensé à toutes les choses plus ou moins utiles que j'aurais pu m'écrire.
Et les mots me sont venus plus vite que la morve au nez de mes petits couillus dès que la brise souffle.


Chère toi/moi,

Si je ne m'abuse tu reçois cette lettre en 1999. Genre, le millénaire dernier (ça pique). Je peux déjà te dire que la fin du monde n'est pas pour Nouvel An prochain. Les ordinateurs s'en remettront.
Tu stresses pour bien des choses ma biche, qui te paraîtront si lointaines après.
Tu apprendras à répondre aux attaques extérieures. Tu commences déjà à ne plus être l'extra-terrestre du coin, et tu avances doucement mais sûrement vers des temps plus doux où ne compteront plus les piques des super-branleurs-populaires du bahut parce que, de une les vrais amis seront là et t'aimeront comme tu es, et de deux, c'est pas forcément les petits cons sûrs d'eux qui survolent le collège les mains dans les poches et la clope au bec qui réussissent le mieux dans la vie. Promis.

Tes binocles ne te dévisagent pas. Tu n'es pas un gnou obèse. Tu as le droit d'aimer lire, écouter du vrai Rock et faire des blagues pourries. Oui, tes nénés vont pousser (un peu).
L'EPS ne sert à rien dans la vie, je te le dis tout de suite. Au passage, fais gaffe en jouant au volley quelques semaines avant le bac. J'dis ça, j'dis rien.
Écoute les cours de bio, putain!

Des fois tu vas croire en plein de choses, en plein de personnes. Méfie-toi.

Décroche le poster de Richard Dean Anderson de ta chambre. Ne porte plus jamais ce pull horrible que tu aimes tant. Ne jette pas tes Converse, elles seront bientôt vintage. Si on te propose de te défriser les cheveux, DIS NON! Assume, merde.

Oui, elle ira bien. Non, il n'est pas fait pour toi. Oui, tu y arriveras.

Embrasse fort fort fort Papy Robert, Mamie de Eecke, Pépé et Mamie Caby.
Appelle Tonton Dominique plus souvent.


En fait, avant tout... Aime et VIS. Et tout ira bien.
Prends soin de toi, morue.


M.







PS: Ça s'est passé par ici - http://ladefraichie.com/2013/04/02/1992/
Et ici - http://www.femmesweetfemme.fr/annee-1993/
Et aussi là - http://mamananonyme.fr/2013/05/08/1996/

3/12/2013

Soleil, savon noir et mobylette

C'est pas flagrant là tout de suite, sous 40cm de neige, le choc thermique ayant flingué mon teint lumineux, mais il y a trois semaines nous étions en vacances à Marrakech.

Ne connaissant pas du tout le Maroc, nous avons débarqué à coeur ouvert, avec l'impression d'avoir une page blanche à décorer de mots, d'images, de sensations. Je crois que j'ai rempli tout un cahier de 200 pages.
Il fallait que je vienne en coucher au moins une partie noir sur blanc.

Nous avons découvert une ville frémissante, généreuse, aux odeurs d'épices et aux couleurs chatoyantes, à l'image de ses habitants.

Côté route, c'est Mario Kart en vrai, et en pire. Si t'as peur ferme les yeux. En mobylette, c'est du suicide, mais c'est un truc à faire une fois dans ta vie! Je crois que c'était beaucoup demander à mon périnée, mais j'ai grimpé, je me suis accrochée à Nabil comme si ma vie en dépendait (et en fait c'est pas faux...), j'ai dit merde à ma frousse et Yallah!
Quand t'ouvres un oeil tu te dis "Putain ça passe pas, ça passe pas!!!", et magie : ça passe toujours...
Filer dans les petites rues du souk qui se réveille, slalomer entre les piétons, les ânes et les charrettes, ça un petit côté goût du risque qui me ressemble tellement peu que j'en ai adoré chaque seconde!

Il faudrait que je vous raconte le couscous, la place Jemaa-El-Fna où bat le coeur de la ville de jour comme de nuit, les palmiers, les minarets colorés, les remparts ocres, le marchandage sur les étals partout, leur façon de traiter tous les enfants comme des princes des mille et une nuits...

Mais ce que je suis venue vous raconter là maintenant, c'est le Hammam. Un truc de ouf.
Tu m'aurais dit avant que j'allais y aller, je t'aurais ri au nez grave (oui, je ne suis pas toujours très urbaine). Genre je vais me dé-saper comme ça, dans le normal, t'as vu ça où, mais "Allô, quoi!"
Et puis j'ai dit "Ouais" sans y croire, en me disant que je trouverais bien un moyen de me débiner.
Et puis pendant que ma tête moulinait, mon coeur m'a dit à l'oreille (ouais, j'ai une anatomie particulière) que si je ne le faisais pas ici et maintenant, je ne le ferais jamais et ce serait regrettable.

Alors Djamila nous a pris sous le bras, Mister R et moi, et nous a emmenés dans un établissement minuscule, sans enseigne particulière, on a passé la porte et tout a été bousculé : ma pudeur, mes idées reçues, ce que je pensais savoir de moi et des autres...
Une fois la porte passée, toutes se dévoilent au sens propre comme au figuré. En plus toi, comme une bonne citadine occidentale, tu te dis que si elles portent un voile, elles sont forcément pudiques comme pas possible (au moins comme toi, grosso modo), et en fait non. C'est toi qui te sens gênée de t'accrocher à ta culotte.

Alors on avance, une salle tiède, une salle chaude, une salle très chaude. C'est très ritualisé, elles savent quoi faire, comment faire et dans quel ordre. Moi je suis perdue, encore mal à l'aise, je me sers de mon fils comme d'un paravent humain pour protéger ma dignité. Petit à petit je me rends compte que je n'ai à me protéger de rien. Il n'y a aucun regard, aucun jugement. Même s'il y en avait, j'ai laissé mes lunettes au vestiaire donc I don't give a shit.
Je découvre le savon noir, doux et gluant, Mister R fait le clown.
Je découvre le gant pour le gommage, je me gratouille avec, ça va, c'est fun.
Arrive la dame qui s'occupe de faire les gommages. Je suis pas bien rassurée, mais bon.

Alors elle elle attrape le gant et elle te frotte. Mais genre elle te rabote! J'ai eu l'impression de passer sous une ponceuse en mode abrasif +++. Là je me dis mais elle va m'enlever une couche de peau!
À ce moment-là j'ai cessé de lutter. J'ai arrêté de réfléchir parce que ça me pourrissait mon kif.

Je commençais à me dire mon corps n'était pas le seul à être lavé dans ce Hammam, quand elle m'a fait signe de me mettre sur le dos. Elle a frotté de plus belle.
Elle est arrivée à mon ventre et j'ai tressailli. Je me suis rendu compte que je serrais les dents. En fait je n'avais pas mal... Pas physiquement du moins. Elle a traité cette partie de mon corps comme le reste, alors qu'en général je ne le fais pas, c'est une zone à part, une zone de non-droit. Non pas que je ne la lave pas, mais je décape pas quoi.
Cette femme, au fond d'un Hammam, au fond de Marrakech, elle, elle l'a fait.
J'avais l'esprit et le coeur qui fonctionnaient à mille à l'heure. Les souvenirs affluaient et la sueur et l'eau n'étaient pas les seules à se disputer la course sur mes joues. Je crois qu'elle l'a vu.

Une fois le ponçage gommage complet terminé, elle m'a rincée avec un grand seau d'eau bouillante. Là, tu meurs de honte en voyant l'eau qui repart, pas noire mais presque. Tu as une pensée pour la douche que tu avais prise avant de partir le matin et qui te semble bien ridicule. Fuck alors, je ne me savais pas si sale!

De retour au vestiaire, j'ai vu les femmes se rhabiller, additionner les couches de tissu, reprendre leur voile et leur apparente timidité. J'ai trouvé ma pudeur dérisoire, mes vêtements ridicules et mes a priori balayés. Et c'est tant mieux.

Je suis sortie en clignant des yeux à la lumière. J'avais l'impression d'être littéralement à vif.
J'ai pensé tout de suite que j'allais me souvenir longtemps de ce moment. Ça a eu quelque chose de douloureux, et ça m'a soulagée en même temps. Je me suis sentie lavée de plein de choses... Libérée.
Beaucoup de gens pensent que nous sommes "prisonniers" de nos vêtements. Moi c'est le contraire. C'est la nudité qui me contraint.
Je ne dis pas que j'ai laissé toute ma pudeur ou tous mes complexes à l'intérieur de la salle la plus chaude de ce Hammam. Mais une chose est sûre, j'y ai laissé plus que des cheveux et de la peau morte.