2/27/2014

Sous la blouse… Le blues

Entendez-vous le grondement de la colère hospitalière?
Les sage-femmes se battent pour leur statut.
Les infirmiers sont en burn-out.
Les étudiants infirmiers sont pris entre les feux nourris du gouvernement et des établissements de soins privés.

Et qui paye les pots cassés? Les patients, toujours les patients. Eux qui sont nus sous la blouse.

Nous, ESI (étudiants en soins infirmiers), sommes baladés d'hôpital en clinique, d'IFSI en soins à domicile, toujours payés une cacahouète et demi (pour laquelle il faut s'incliner et dire merci, sous prétexte qu'avant, on n'avait rien), la plupart du temps traités en main d'oeuvre bon marché (ce pour quoi il faut s'incliner et dire merci, sous prétexte qu'on est censé nous apprendre à en chier), sans oublier la passion qui nous a animés au point de passer le concours et de survivre aux 3 années d'études (pour lesquelles il faut s'incliner et dire merci sous prétexte que l'enseignement est un service qu'on nous rend)…

J'aime déjà mon métier. J'oublie les soucis quand un patient me sourit. J'ai toujours la passion pour cette profession aux nombreuses contraintes, aux conditions de travail parfois inadmissibles, aux horaires de merde, au salaire de misère, et à la reconnaissance proche de zéro.
Je suis déjà pleine d'amour pour cette profession riche, passionnante, profondément HUMAINE.

Mais encore faut-il, pour l'exercer, que je puisse avoir l'occasion d'être diplômée.
Et cette occasion est remise en cause pour certains de mes collègues ESI.

Au 1er mars, la plupart des structures de soins privées refuseront d'accueillir les stagiaires infirmiers. Pourquoi? C'est pas mal résumé ici.

La conséquence directe, c'est que les places de stages infirmiers étant déjà restreintes, on se retrouve face à à peu près 22000 étudiants SSF (sans stage fixe), dont une partie en 3ème et dernière année de formation. Il faut savoir que TOUS les stages de la formation doivent être validés pour pouvoir être présenté au diplôme d'État. Donc, pour ces étudiants, c'est carrément la possibilité d'être diplômés qui est remise en cause. Avec tout ce que ça peut avoir de répercussions: diplôme retardé, donc poste retardé (certains ont déjà des promesses d'embauche!), entrée dans la vie active retardée, salaire retardé…

C'est donc officiel. Les soignants souffrent, saignent, pleurent… Dès les premières marches de leur parcours professionnel. Et là-haut, visiblement, on s'en cogne. J'espère qu'ils ouvriront les yeux et les oreilles, et qu'ils se demanderont: quels soignants veulent-ils avoir au pied de leur lit quand ils seront malades?

Je ne suis pas confrontée au problème de stage, les miens sont prévus à l'hôpital public. Mais je suis concernée, pour mes collègues, pour mon métier. Être un soignant engagé, ça commence aujourd'hui!


Et si vous voulez tester les clichés, la prochaine fois que vous verrez une soignante… Demandez-lui si elle est nue sous son blues.



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