8/20/2008

(Sur)Vivre d'amour et d'espoir...

Lundi mon corps et moi on a eu une petite discussion. Que me dis-tu? Des contractions, ça je sais... Pourquoi celles-ci sont-elles différentes? Je me crispe, j'ai mal... Cette sensation d'appui, là, en bas... Ca ne peut pas être bon... Pourtant, ton petit message en morse à grands coups de vagues pénibles dans mon ventre, je le connais... Comment? Oui, je sais, j'ai peut-être un peu forcé, mais pas tant que ça, tu exagères... De toute façon retiens-toi, j'ai rendez-vous à la maternité demain pour un cours de préparation à la naissance, j'en profiterai pour faire contrôler tout ça, puisque tu insistes...

La suite a des airs de déjà-vu... Toute ressemblance avec des personnages et des faits existants ou ayant existé serait purement... Désespérante.

Après ledit cours de prépa j'ai filé aux urgences, je m'en voulais un peu d'enquiquiner le monde là-bas mais je sentais qu'il le fallait... Rien que pendant le cours on parlait de contractions et j'ai pu faire quelques démonstrations bien involontaires... Au moins ça servira aux autres. Quel altruisme.

J'ai dû beaucoup attendre aux urgences maternité car il y avait plusieurs accouchements (les veinardes) (mais pas de hurlements ou de supplications d'arrêter la torture, on accouche dans la zénitude là-bas visiblement... Ou dans des salles insonorisées!), et finalement j'ai été reçue par une sage-femme et une aide-soignante tout simplement adorables et très douces!

L'examen a révélé ce que je craignais... Ce que mon corps me criait dans la tête. Col court (un petit centimètre...), bien mou, ouvert à 1 pour l'orifice externe, mais encore postérieur et fermé en interne. Il a tant bougé en deux petites semaines...

Traduction: les contractions douloureuses que j'ai ressenties font appuyer la tête de Bébé en plein sur le col.

La sage-femme me parle d'hospitalisation, je lui explique, je ne craque pas mais c'est dur... Comment lui dire que je ne veux pas jouer avec le feu mais que j'ai un grand bébé à la maison qui a besoin de moi, et que nos familles ne sont pas là... J'ai peur d'appeler Guillaume... Je ne connais que trop la chanson... Je me suis tant battue pour éviter ça... Je parle à la sage-femme en restant souriante, confiante, forte... Ou du moins j'espère que c'est ce dont j'ai eu l'air. Je lui raconte quelques-uns de mes déboires passés avec ironie - c'est plus facile.

Un monitoring est décidé, le coeur de Bébé bat la chamade, je regarde par la fenêtre de la chambre en écoutant cette douce musique et en m'empêchant de penser au passé ou au pire... Je me dis que par rapport à Noah, j'ai gagné dix semaines sur le repos forcé... En même temps je sais que c'est de ma faute si j'en suis là. Je ne me suis pas assez écoutée et j'ai voulu être forte pour nous trois, nous quatre, j'avais décidé que ça ne se produirait pas et je pensais que ça suffirait...

Mais je ne suis qu'à 30 semaines... Même pas. C'est beaucoup, c'est peu, c'est plus que certaines, mais ce n'est pas assez...

Baboum baboum baboum... Qu'essayes-tu de me dire, Bébé? Et moi, comment puis-je te dire de rester au chaud, que je suis désolée d'avoir eu du mal à me faire à cette grossesse au début, que je suis désolée que mon corps ne m'obéisse plus, qu'il te secoue de contractions et te pousse vers la sortie alors qu'il devrait te bercer tendrement de chaleur et d'amour... Comment te dire que je t'aime déjà tant... Que j'ai hâte de te rencontrer, que la vie est dure dehors mais qu'elle est belle aussi si tu veux bien attendre un peu avant de t'y frotter, que je suis impatiente de te serrer dans mes bras pour te dire ces choses, que dans mon coeur déjà je t'imagine...

La sage-femme interrompt mes pensées...

Le médecin est d'accord pour que je rentre chez moi, avec traitement radical et consigne de repos strict mais pas forcément allongé, et un retour progressif à une vie moins enfermée d'ici quelques semaines. Je suis écoutée, entendue, enfin... Mais quand même: menace d'accouchement prématuré, encore. Repos et traitement, encore... 8 semaines, c'est peu et c'est énorme. Mais je suis confiante. La sage-femme me félicite même pour savoir aussi bien interpréter les signes de mon corps (c'est lui qui m'avait prévenue m'dame, j'ai rien fait)... Mais insiste aussi sur le fait que je dois faire de mon chez-moi mon QG, et laisser mon Noah devenir grand et autonome... Sans le porter.

C'est Guillaume qui nous portera sur ses épaules maintenant, comme il l'a fait avant, mais il aura besoin d'épaules plus larges cette fois...

Je l'appelle, il s'inquiète, il s'en veut, il est un peu perdu...


Avant de repartir chez moi, je m'assois sur le lit, je regarde la lettre que mon petit bébé m'a écrite sur le monitoring, et je lui réponds: "Ne pousse pas la porte mon chéri... Maman l'ouvrira pour toi le moment venu..."

8/09/2008

J'ai testé pour vous: Mon fils chéri est un sale gosse suicidaire!

Mon fils adoré aime taquiner sa mère. Surtout en ce moment, forcément.
Si en plus il peut me faire frôler la crise cardiaque, il jubile. Si, si, je vous assure, je l'ai vu dans ses yeux. Vous allez dire que je suis parano, mais je sais ce que je dis.

Dans ce petit ange, il y a un diable qui sommeille. La preuve:

Hier, après une journée bien chargée, je décide/je me force/j'ai pas le choix, bref, je vais faire des courses. Je vais sur la place, gare mon tank, et hop, j'embarque le gnôme, ou plutôt je le traîne ("T'as pas voulu faire de sieste, t'assumes!") dans deux-trois boutiques. Il refuse de dire bonjour (Pfff si on m'avait dit qu'un jour je serai une mère du genre "Dis bonjour à la dame"...), essaye de se sauver, crise pour avoir une barquette de framboises qu'il renverse par terre... Le sale gosse dans toute sa splendeur. Mais où est passé mon petit bébé mignon et sage?? Les regards autour de nous commencent à me glacer les veines... Je les envoie mentalement se faire empapaouter.

Le tour est fait, ouf.

Nous retournons à la voiture. Je tiens la main de Noah (contre son gré...) d'un côté et j'ai l'autre bras chargé de sacs qui commencent à peser. J'ouvre la voiture, et je suis d'un coup d'un seul tenaillée par une contraction de ouf.
Et là, c'est le drame.

Noah m'échappe... Je laisse tomber les sacs, il court dans le parking, mort de rire ("sale petit ***" pensé-je tout bas!), je le poursuis... J'entends très très loin les remarques des "gens"... Les ont-ils dites ou les ont-ils pensé si fort que je les ai entendues?...

Crotte, bonjour les clichés. La fameuse crise généralement intitulée "crise-des-bonbons-en-bout-de-caisse", mais sur un parking. Donc pire, puisque potentiellement mortelle.

Quand je parviens à rattraper le fugitif je me transmute en foldingue hystérique, je lui colle une fessée, je sais même plus quoi faire de mes bras...

Je frissonne sous les regards pourris de ceux qui savent tout mieux que vous. La moitié de leur cerveau est prête à appeler la DDASS pour sauver ce pauvre enfant des griffes d'une mère dépassée et violente, l'autre hémisphère pense ouvertement qu'il aurait mérité une fessée plus forte, voire pire. Les pauvres, ils sont tiraillés entre leur omniscience de badaud qui freine pour regarder les accidents de la route et leur conscience de gens bien pensants. Je les plains. Nan, sérieux.
Tous, en tout cas, ont sur le front la même phrase: "Mon Dieu, et dire qu'elle en a un autre qui arrive!"...

Ma grande gueule n'a pas voulu s'ouvrir, je les ai laissé penser ce qu'ils voulaient... En priant pour qu'ils aient tort.
J'ai eu peur, j'ai eu honte, je suis rentrée chez moi avec mal au ventre et mal au coeur...

"Mon Dieu, et dire que j'en ai un autre qui arrive!!!"...



Allez, il a quand même réussi à se faire pardonner...