4/06/2009

Noah, ou l'autre naissance...

Noah a 3 ans aujourd'hui... C'est déjà tant, c'est encore si peu...


J'ai longtemps hésité à réécrire le récit de cette "autre naissance", de peur de regretter de ne pouvoir réécrire l'histoire en même temps... De peur aussi, et surtout, que les mots aient le goût de mon amertume et de mes regrets plus que l'empreinte du bonheur qui fut le nôtre ce jour-là.
Mais je ne peux plus lire le récit que j'en avais fait, il est trop faussé par les oeillères que j'avais encore à cette époque, il est enjolivé par l'innocence qui était la mienne. Aujourd'hui j'ai l'impression que ces mots ne sont pas les miens. Qu'ils ne le sont plus...


Noah était désiré et attendu... La grossesse n'a pas été facile... Physiquement, à la lumière de ma deuxième grossesse, je sais que je me suis laissée enfermer par la peur inculquée par les médecins. Alors je suis restée à la maison, j'ai gardé mon gros ventre pour moi, j'ai été une bonne élève, j'ai pris mes 8 cachets par jour, j'ai accepté les hospitalisations, les monitorings... Mon col ne bougeait pas et c'était une bonne nouvelle à chaque fois. Mais alors, pourquoi? "On ne sait jamais", me répondait-on.

La césarienne a été évoquée très vite, vers 33 semaines, car le bébé était en siège. D'une voix timide, j'ose: "Mais... C'est obligatoire, la césarienne?"
"Oui, on ne peut pas accoucher par voie basse d'un premier bébé, en siège."

Si seulement...


Et voilà, je suis en train de faire ce que je ne voulais pas faire... Un récit plein de colère. Je m'arrête donc là sur les circonstances entourant la césarienne pour ne raconter que la naissance elle-même.


Je suis rentrée à la maternité le 5 avril 2006 au soir, le coeur plutôt léger.
Je n'avais pas peur. Je m'étonnais moi-même, à vrai dire! J'ai même regardé la Nouvelle Star ce soir-là.
Au matin du 6 avril, il gèle dehors... Guillaume arrive. C'est un grand jour! Mes mains ne quittent pas la douce courbe de mon ventre qui tressaute, plus que quelques heures...

Puis, l'attente... Car le bloc a beaucoup de retard... Quand on vient me chercher vers 10 heures je commence à me rendre compte que je ne sais rien de ce qui va m'arriver... Mais il est trop tard pour demander, trop tard pour reculer...

Vient l'humiliation. Rasage, sonde urinaire, rachi-anesthésie. Je suis allongée, paralysée, j'ai froid, et les portes du bloc s'ouvrent sur mon anatomie toute entière dévoilée aux yeux de tous... Ressaisis-toi Michelle, ton fils arrive, enfin... Je me sens partir... Quand mes yeux s'ouvrent l'anesthésiste me regarde avec inquiétude... Puis s'en va. Il le dit, il y a une IVG à côté et ils ont besoin de lui. Va donc.

La gynéco arrive, gaillarde, je suis derrière le champ opératoire et je cherche un regard, un contact, quelque chose, quelqu'un... Le regard viendra de mon fils, quelques minutes plus tard. Tu es là! Tu as les yeux grand ouverts, tu es si beau, tu me sembles si petit, j'ai peur que tu aies froid et je voudrais te réchauffer contre mon coeur, mais... Déjà tu t'en vas.

On me remet sur un chariot, je vois les autres bouger mes jambes mais je ne les sens pas. Je demande où on m'emmène: "En salle de réveil commune."
Alors là non, je n'ai pas fait tout ce chemin pour être séparée de mon bébé lors de ces heures si cruciales! Je passe pour une emmerdeuse, mais au final on nous trouve une salle de naissance où nous resterons près de trois heures, en famille. Trois heures de découverte et de douleur... Je ne comprend pas, tout est programmé, préparé, minuté, pourquoi ai-je si mal? La réponse de la sage-femme a changé ma vie, bien plus tard. Quelques mots qui seront à jamais gravés dans mon coeur, dans mon ventre, comme tatoués sur cette cicatrice aujourd'hui si fine et pourtant si présente:

"Un ventre, Madame, ce n'est pas fait pour être ouvert!"

Je n'apprécie pas mais je ne comprends pas... Alors je n'y penserai plus avant plusieurs semaines...

Le retour en chambre restera, je l'avoue, un des pires moments de ma vie. Ce couloir qui n'en finissait pas, les dames qui me roulent sur mon lit, je hurle... Je hurle de douleur pour la première fois de mon existence...

Mais tu es là. Moi qui ai toujours voulu être mère, aujourd'hui TU m'as fait ce cadeau... Rien d'autre ne compte!
Rien d'autre ne comptera plus que tes yeux dans les miens, que tes mains qui me frôlent, que ta bouche contre ma peau, rien d'autre ne comptera plus jamais que ton amour, ton bonheur, ta confiance... Merci mon fils de nous avoir choisis pour te guider sur ta route. J'étais mère avant d'être mère, et pourtant tout a changé...

Le séjour à la maternité fut difficile, je culpabilisais de ne pas me remettre mieux, plus vite, je n'osais pas m'opposer aux puéricultrices qui me conseillaient des choses que mon coeur refusait...

Une fois rentrés chez nous j'ai vraiment fait de ce bébé le mien, je me suis adaptée à son rythme, j'ai re-fusionné avec lui, à nouveau nous ne faisions qu'un, envers et contre tout et tous.
Ce qui "aurait pu arriver" est loin derrière nous.
Les "Et si", les "J'aurais pu, j'aurais dû" ne me hantent plus parce que de toute façon, cette naissance, c'est la sienne, elle fait de lui ce qu'il est et de moi qui je suis. Cette naissance m'a permis, par la suite, de VIVRE pleinement mon second accouchement. Car oui, j'ai eu mon AVAC ensuite... Mais il n'aurait pas été mon AVAC si Noah n'était pas né par voie haute.

Je ne réfléchis plus en termes de "Si les choses avaient été différentes" puisqu'elles ne le sont pas, de toute façon, et que je préfère aujourd'hui écrire sereinement le présent, page par page, et mon présent c'est LUI, c'est EUX, ils sont ma chair, mon oxygène.

Leur naissance est gravée dans mon corps de mille façons, et je ne voudrais pas qu'il en soit autrement.

A toi, Noah, qui a orné mon ventre d'un grand sourire, et qui illumine ma vie chaque jour un peu plus...
Bon anniversaire mon fils adoré!


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Trop beau le petit (pardon, grand) Noah !

Isa-Mamour

MissMonde a dit…

il existe tellement de façons de mettre son bébé au monde, mais la plus belle est celle où tu sens tout ton coeur s'agrandir pour lui dès le premier regard, et pour toutes les autres premières fois.
Des bisousdoux à Vous et bon anniversaire à ton Grand Noah

Anonyme a dit…

michelle...
tes mots me touchent tellement!

merci

bon anniversaire bien en retard grand noah!

Perrine Aïnoa&Eva